30.1.14

Pauvre crétin

Il rêvait d'une fin glorieuse, d'un trépas héroïque au sommet de la Montagne magique. Étendu sur un lit boiteux, au troisième sous-sol d'une clinique de banlieue, il rendit une âme de navet bouilli.
La vie s'était ouvertement foutue de sa gueule. La mort l'a cruellement niqué.

A pleines dents

Il voulait mordre la vie à pleines dents. Il a bouffé un fruit pourri, rongé par les vers.

La vie m'a souri

La vie m'a souri avec les lèvres flétries d'une vieille putain édentée.

24.1.14

Jamais

— Le jour se lèvera-t-il, un jour ?
— Non, jamais. Plus jamais.

2.1.14

C'est la règle

Tu ne peux pas jouer le tu. Il ne t'appartient pas. Tu ne le possèdes pas. Tu peux jouer en tutu, en dansant si tu veux, mais tu ne peux que jouer le je, ta seule et unique possession, ton véritable objet. Tu peux aussi ne pas le jouer, rester en retrait. Jouer ou ne pas jouer est la seule alternative possible. Et, si tu choisis de jouer, tu dois jouer le je en entier, t'engager complètement, aller jusqu'au bout du je. Une fois entré dans le je, tu ne peux plus t'en retirer. Si tu tentes de le faire, alors, immédiatement, tu perds tout : le je et le tutu. Le tu, qui n'existe pas sans toi, disparaît aussitôt si tu perds, si tu te retires avant la fin du je. Si tu joues, si tu vas au bout du je, tu n'as rien à gagner, seulement la possibilité de recommencer, c'est-à-dire de remettre ton je en je. Tout ça sous le regard de tu impassible qui, un jour ou l'autre, parviendra à déchirer ton tutu, à te trouer la peau pour façonner des pipeaux avec tes os. Afin de contrecarrer l'avènement de ce triste sort, tu dois faire entrer tu dans ton je, faire en sorte que tu mettes en ton je son je. Cela sans perdre de vue ton rêve, celui que tu avais avant de commencer à jouer : au son du pipeau, faire danser tu en tutu, devenir alors le je du tu, le tu du je, le tu du tu, ce qui représente le je des je. C'est la règle. C'est la règle sur cet il perdu, en tout cas.